Craig Baker est l’homme derrière cette idée de réhabilitation d’une ancienne friche industrielle, plus exactement l’ancien bâtiment de la Compagnie d’Eau d’Indianapolis, avec des containers maritimes pour en faire une nouvelle place du marché couvert. La volonté est d’utiliser et de réhabiliter ce vieux bâtiment inutilisé de plus de 3700 m² pour réunir plusieurs artisans en un même lieu. Il a réfléchi avec des architectes, conçu des cuisines de restaurants prêtes à l’emploi, collaboré à des programmes de mentorats et recruté des entreprises dans la restauration pour qu’elles étendent leurs activités et toucher de nouveaux clients.
A terme, la nouvelle place appelée AMP sera bien plus qu’un simple lieu de restauration. Le bâtiment comprendra à la fois un restaurant, une épicerie, une salle de spectacles, un bootcamp pour restaurateurs et un centre communautaire. En effet, c’est une idée bien ficelée qui a germé dans la tête de cet homme aux multiples casquettes.
Ce que nous entendons par multiples casquettes, c’est que Craig Baker connaît bien l’industrie alimentaire, étant donné qu’il a commencé sa carrière culinaire dans un bar et un restaurant populaire de Portland. Il est ensuite aller dans l’Oregon, puis s’est installé dans l’Indiana, où il a été chef et propriétaire de plusieurs restaurants. Avant cela, il était professeur d’Histoire. Ces dernières années, il s’est occupé d’une entreprise de restauration privée ainsi que de sa société de conseil en restauration. Depuis qu’il a été engagé comme consultant par 16 Tech, une organisation à but non lucratif tournée vers le développement de l’économie et de l’innovation dans l’Indiana, casque et gilet de chantier sont devenus ses habits de travail.
Vous l’aurez compris, l’homme à l’origine d’AMP est plein de ressources et a pensé à tout. Au total, il n’y a pas moins de 15 containers à l’intérieur du bâtiment. C’est la société InMod qui a été en charge de les fournir peints et poncé. Chaque container a été équipé d’une alimentation électrique et de sa propre arrivée d’eau. L’un d’entre eux est doté d’une grande scène qui s’étend jusqu’au centre du bâtiment pour les spectacles en direct. Les containers d’expédition étaient un moyen de donner aux gens un espace individuel pour qu’ils puissent se l’approprier et le décorer à l’image de leur société.
Son équipe de rêve ? Un boucher, un poissonnier, un café, un fleuriste, un marché de fruits et légumes, un viticulteur, un boulanger… et ce n’est qu’une partie ! Il y a également un restaurant de près de 280m² offrant un service complet et une brasserie avec jardin à bière. Sans oublier le parking de six étages juste devant la porte. « J’essaie de construire une microéconomie à l’intérieur de ce lieu », dit Baker. « Si un restaurant a besoin de pain, il peut contacter un boulanger sur place. D’ici la fin de l’année, 250 appartements verront le jour dans le quartier. Il n’y a probablement pas d’épicerie à moins d’un kilomètre d’ici, donc ce sera vraiment pratique pour les résidents. Ils pourront acheter quelques steaks chez le boucher et quelques légumes chez le marchand de fruits et légumes, prendre un peu de vin et ramener le tout chez eux pour le dîner ».
Outre les containers et le restaurant qui serviront le public, il y a également sept stands de restaurant entièrement équipés qui serviront d’incubateurs pour les nouvelles entreprises, avec tout le nécessaire pour lancer son restaurant, mis à part le chef et les aliments. De plus, il y aura aussi un espace « pop-up » avec une cuisine complète qui pourra être louée pour un événement ou utilisée à court terme pour tester un nouveau concept ou créer du buzz pour une ouverture par exemple… En plus de ces stands, un grand espace de cuisine servira de base à un programme d’éducation culinaire (le fameux bootcamp). Les chefs et restaurateurs en herbe y seront encadrés gratuitement et ils y dirigeront une « cuisine fantôme » avec un menu en ligne disponible à domicile. Les cinq premiers stagiaires ont déjà été acceptés dans le programme qui devrait durer six mois. M. Baker explique que ce concept est né de la constatation que trop de restaurateurs se lancent dans le métier et se laissent submerger par l’excitation. « Cela va aider les gens à réussir car nous allons les obliger à réfléchir à ce qu’ils veulent vraiment faire. Quel est leur plan d’affaires ou encore de quoi ont-ils besoin pour y arriver ? »
La boulangerie locale de Cindy Hawkins a été l’une des premières à rejoindre l’aventure. Elle déménagera dans un des containers en début d’année 2021. En plus de l’espace qu’offre son nouveau local, un autre concept l’a séduite… En effet, l’AMP est reliée, par des couloirs et des tunnels, à deux autres projets de 16 Tech. L’un est le bâtiment 1776, un centre de soutien aux entreprises avec des espaces de travail, des bureaux privés, des programmes de mentorat etc… L’autre est nommé le Machyne. Il s’agit d’un espace de travail où les membres ont accès à un atelier de menuiserie, à du matériel de soudure et à des imprimantes 3D. Le fait que Machyne soit connectée à AMP est l’un des avantages qui lui a fait pencher la balance lorsqu’elle s’est demandé si elle devait ou non déménager sa boulangerie et son espace de vente au détail. « C’est amusant », dit-elle. « Si nous avons une idée pour un moule à pâtisserie, nous pouvons y aller et dire : ‘Hé, nous avons besoin d’une imprimante 3D pour créer ceci’, et ils peuvent le concevoir pour nous et le produire sur place. »
Pour Craig Baker, l’AMP lui donne l’occasion de mettre à profit l’expérience qu’il a acquise tout au long de sa vie dans les domaines de la cuisine et de l’éducation pour aider les meilleures petites entreprises d’Indy à se développer et offrir une rampe de lancement à ceux qui ont de grands rêves culinaires mais ont besoin d’aide pour passer à l’étape suivante.
Si tout se passe comme prévu, l’AMP ouvrira ses portes en janvier ou février 2021.
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