Transformer un container maritime en une petite galerie d’art itinérante : c’était le projet un peu fou de Vanessa Steiner, professeur d’arts appliqués à la Chambre des Métiers de Nancy et artiste plasticienne, et elle l’a fait !
Vanessa Steiner est passionnée par l’art, et elle en a fait son métier, à la fois professeur dans ce domaine et artiste, elle cogère de 2010 à 2015 la galerie d’art Toutouchic. Située dans une petite ruelle de Metz, la galerie prospère pendant cinq ans et est amenée à travailler avec plusieurs artistes et musées, dont le Centre Pompidou de Metz. Mais Vanessa a besoin de nouveauté et surtout de liberté. En 2015, elle décide alors de fermer sa galerie d’art pour se consacrer à un nouveau projet, cette fois-ci mobile ! Elle imagine ainsi une galerie d’art itinérante, déplaçable dans différents endroits phares de la ville de Metz comme sur l’Esplanade, près de la Cathédrale, à la porte Serpenoise ou encore Place St Louis, pour aller à la rencontre d’un nouveau public. Un public moins connaisseur, mais tout aussi curieux. Cette liberté et cette mobilité qu’elle recherche, c’est le container maritime qui va les lui apporter. Il y a quatre ans, Vanessa investit donc un container maritime et fait appel à des entreprises et artisans locaux pour transformer et aménager sa future galerie d’art conteneurisée.
La Tata Galerie, c’est le nom de cette nouvelle galerie d’art. Vanessa a souhaité lui donner un côté familial avec l’expression « tata/tonton », mais surtout, elle a voulu insuffler un sentiment d’appartenance : si les visiteurs lisent « Tata Galerie », il faut qu’ils ressentent « T’as ta galerie ». La galerie de Vanessa accueille donc différents artistes et différentes expositions pour toucher le plus grand nombre. « Avant, quand j’avais mon ancienne galerie, je n’avais que des initiés à l’art qui entraient. Aujourd’hui, j’ai un public complètement différent : du petit papy qui n’avait pas vu et qui rentre pour discuter et découvrir, aux familles qui passent par la galerie en attendant leur train. Je suis vraiment surprise et c’est super d’avoir un public diversifié », déclare Vanessa. La Tata Galerie permet à un large public d’avoir accès à de l’art sans avoir besoin d’un bagage culturel important.
En plus d’aller à la rencontre du public dans les rues de Metz, la Tata Galerie va aussi à la rencontre des enfants et des adolescents. En effet, en septembre, Vanessa va travailler pendant un an avec une classe de CAP en collaboration avec Jean Chauvelot, un auteur et dessinateur de bandes dessinées ainsi qu’avec le collectif Spraylab de Nancy. Les élèves réaliseront des dessins qui seront ensuite sérigraphiés par le collectif avant d’être exposés dans la galerie qui sera installée soit sur le campus Artem, soit à la gare de Nancy. Vanessa souhaite également travailler avec une classe de primaire, en collaboration avec un artiste, puis installer sa galerie dans la cours de l’école, une fois décorée des œuvres des enfants. « C’est ça qui est bien avec cette galerie, c’est qu’on la retrouve dans des endroits où ne l’attend pas, où on n’a pas l’habitude de voir une galerie d’art », explique Vanessa.
La plupart du temps, pour trouver les futurs artistes de sa galerie d’art, Vanessa consulte les dossiers et les réalisations que des artistes lui ont envoyés. Parfois, c’est elle-même qui contacte un artiste pour lui proposer d’exposer. Les artistes sélectionnés par Vanessa, reçoivent une bourse de création, de 500€ minimum, pour les aider à acheter les consommables qu’ils vont utiliser pour la réalisation de leurs œuvres. Pour pouvoir proposer cette bourse, la Tata Galerie est subventionnée par la DRAC, la Direction Régionale des Affaires Culturelles, par la Région Grand-Est ainsi que par la ville de Metz. Les artistes ont ensuite carte blanche pour proposer des œuvres uniques, en résonnance avec le lieu où se trouvera la galerie lors de l’exposition. Actuellement, la galerie accueille l’exposition « Éternelles Vacances », de l’artiste français LoÏc Lusnia qui expose ses œuvres colorées à l’humour noir. Une exposition qui a débuté le 17 juillet sur le parvis de la gare de Metz et qui se terminera aux alentours du 4 septembre. Lors des expositions, les œuvres exposées sont à vendre. « On essaye toujours d’avoir des prix qui vont à toutes les bourses », explique Vanessa, qui a récemment investi dans une machine d’impression sur tissu pour pouvoir proposer à la vente des tote bags avec l’œuvre phare de l’exposition de Loïc Lusnia imprimée dessus.
La galerie restera devant la gare de Metz jusqu’à la fin du mois de novembre, puis reprendra la route pour investir d’autres lieux emblématiques. Pour aller toujours plus loin dans sa quête de liberté, Vanessa a fait installer des panneaux solaires sur le toit de sa galerie, ce qui lui permettra de pouvoir déplacer sa galerie n’importe où, dans n’importe quelle ville sans avoir à être dépendante des branchements électriques à proximité. À terme, l’objectif de la Tata Galerie est de voyager dans différentes villes de France. Vanessa espère que son projet avec la classe de CAP de la Chambre des Métiers de Nancy lui servira de carte de visite, car il est rare pour une galerie ou un artiste d’avoir l’opportunité de travailler avec ce genre d’institution.
En France, il n’existe que deux galeries d’art aménagées dans un container maritime, « des espaces mobiles, il y en a plein, mais c’est véritablement ce qu’on y fait à l’intérieur qui fait toute la différence. Moi, je veux casser les codes, et montrer qu’un artiste, il va où il veut », conclut Vanessa.
Un grand merci à Vanessa Steiner, qui nous a gentiment ouvert les portes de sa galerie d’art et pour le temps qu’elle nous a accordé.